Endométriose
& sexualité
L’endométriose est une maladie qui impacte directement la féminité et l’intimité. Il n’est pas toujours évident de comprendre exactement ses douleurs. Il est tout aussi difficile de pouvoir en parler aisément.
L’endométriose touche encore à de nombreux tabous dans notre société, et notamment celui de la sexualité. Comprendre ses douleurs, les situer, communiquer avec son/sa partenaire et trouver des solutions ensemble font partie des choses à mettre en place pour vivre plus sereinement son endométriose.
Quand faire l’amour devient douloureux…
L’endométriose entraine le développement de lésions, de kystes, d’adhérences tout autour de l’utérus et des organes à proximité, cela peut entrainer de fortes douleurs durant les rapports sexuels, comme après. L’ensemble de ces douleurs est appelé dyspareunie et peuvent fortement impacter négativement le couple.
Qu’est-ce que la dyspareunie ?
La dyspareunie est le terme médical qui désigne les douleurs survenant lors des rapports sexuels.
Il existe différents types de dyspareunie selon la localisation des douleurs et en fonction de leur point d’origine.
Il y a la dyspareunie superficielle qui est caractérisée par des douleurs qui apparaissent au début de la pénétration. Les douleurs sont localisées au niveau de la vulve, du clitoris, du vestibule, du vagin.
La dyspareunie profonde est caractérisée par des douleurs dans le fond du vagin et qui peuvent aller jusque dans le bas-ventre.
Les douleurs liées à l’endométriose
Dans le cas de l’endométriose, on peut distinguer la dyspareunie primaire de l’endométriose lorsque les douleurs ont toujours été présentes. Dans ce cas précis, la dyspareunie est difficile à être diagnostiquée, car elle peut être perçue comme étant « normale » par la patiente.
La dyspareunie secondaire de l’endométriose survient, quant à elle, après avoir connu des rapports sexuels non douloureux.
Lorsqu’une femme est atteinte d’endométriose, elle peut ressentir des douleurs pendant l’acte sexuel lui-même, comme après l’orgasme. Les douleurs peuvent être systématiques ou non.
Dans les douleurs ressenties par les femmes pendant l’acte, on peut noter la sensation de cognement contre le vagin, de coups de poignards, de contact sur un bleu, etc. Dans celles ressenties après l’orgasme, on note des crampes pouvant durer jusqu’à plusieurs heures.
Les douleurs peuvent être différentes selon le moment du cycle menstruel, le taux d’inflammation dans le corps,…
La dyspareunie : pourquoi cela fait mal ?
L’endométriose peut causer une dyspareunie profonde ou superficielle. Des douleurs qui viennent s’ajouter à de nombreuses autres et qui peuvent être mal vécues. Comprenons le mécanisme des douleurs.
Lorsque l’on souffre d’endométriose profonde, il peut y avoir des lésions, des adhérences et des kystes localisés dans le site pelvien. Lors d’un rapport sexuel, le vagin peut s’étendre (se dilater) et dès lors le pénis peut « frapper » les zones atteintes par l’endométriose. De plus, les adhérences diminuent la mobilité des tissus, ce qui provoque également des douleurs, étant donné que les organes ont plus de mal à bouger naturellement.
Ainsi, selon l’étendue des lésions dues à l’endométriose et leurs localisations, certaines positions sexuelles seront plus douloureuses que d’autres. Si l’endométriose est fortement déployée, alors il est aussi possible que toutes les positions soient complexes et douloureuses.
Les douleurs après l’orgasme
La dyspareunie peut se manifester pendant les rapports comme après… Ce sont des douleurs post-orgasmiques.
Lors d’un orgasme, les muscles du périnée connaissent une succession de spasmes musculaires rapides. Ces contractions involontaires suite à l’orgasme peuvent venir tirer sur les adhésions et autres lésions, provoquant des douleurs pouvant s’étendre sur quelques heures.
Le pelvis de la femme rassemble de nombreux organes dans un petit espace. Si les organes sont reliés entre eux par des adhérences, les spasmes provoqués par un orgasme vont provoquer une réaction en chaîne et faire bouger tous les organes liés.
La communication avec son/sa partenaire
Outre les problèmes liés à l’endométriose, la femme a aussi besoin d’être bien psychologiquement. Il est assez fréquent que certaines femmes ayant souffert de dyspareunie ont encore des appréhensions lorsqu’elles ont des rapports sexuels.
Quand on souffre d’endométriose, il est important de pouvoir communiquer avec les partenaires à propos des douleurs, de partager les moments difficiles et de trouver ensemble des solutions pour que chacun se sente mieux et ressente du plaisir.
La libido et l’endométriose
L’endométriose est souvent liée à des traitements hormonaux et des douleurs chroniques qui peuvent altérer la libido.
La libido est composée de différents facteurs comme le psychologique, les représentations sociales, les pulsions hormonales,… Les hormones jouent également un grand rôle dans la libido.
Les traitements de l’endométriose impactent donc directement la libido des femmes. Dès lors, il est important de travailler le désir pour ne pas perdre la flamme.
Une bonne communication est essentielle au sein du couple, ainsi que la confiance, la création d’une intimité et l’écoute. Il existe également des aliments ou des huiles qui peuvent booster la libido.
La pénétration n’est pas une fin en soi
La sexualité ne se réduit pas à la pénétration. Et loin de là, la sexualité est libre et se réinvente avec chaque couple.
Alors, lorsque les lésions sont trop douloureuses, pourquoi ne pas tenter d’autres choses comme le tantrisme, des massages, des caresses,… pour apprendre à se redécouvrir, faire renaitre le désir et avoir du plaisir, sans souffrir.
Il existe également de nombreuses positions du Kamasutra qui favorisent une entrée différente du pénis qui ne va pas « frapper » directement sur les lésions.
À chacun sa recette, à chacun ses expériences, le tout est de trouver son intimité à deux et son plaisir à deux !
L’importance de la mobilité du bassin
Avec l’endométriose, l’inflammation des lésions et les adhérences peuvent figer le plancher pelvien.
Les lésions provoquent des douleurs qui peuvent faire se contracter vos muscles aux alentours, comme le dos par exemple. Et les adhérences sont faites de tissus cicatriciels qui peuvent figer les organes entre eux et le pelvis dans son entièreté.
Tout cela peut entrainer l’immobilité du bassin et rentrer dans un cercle vicieux de douleurs.
Dès lors, il est important de conserver la mobilité de son corps avec le sport, la kinésithérapie, l’ostéopathie,… Il existe des étirements, des postures de yoga ou de pilates qui détendent le périnée et permettent de conserver une mobilité grâce à l’assouplissement des adhérences.
Il existe aussi des douleurs qui peuvent survenir suite à l’irritation des nerfs comme le nerf pudendal (le nerf qui innerve la région du périnée), dans ce cas, la prolothérapie neurale (un traitement pour endormir les nerfs douloureux) peut s’avérer être une bonne option.
Il existe de nombreuses solutions pour vous aider à avoir des rapports sexuels épanouis. Mais cela passera avant tout par la communication avec votre partenaire.
Comme dans tout avec l’endométriose, il faut essayer, tester, jouer et trouver les tuyaux pour vous aider à vivre au quotidien.