Quand Coline m’a demandé d’écrire un article pour son site, j’ai tout de suite pris cette demande comme un honneur. L’endométriose, j’en avais déjà entendu parler. Mais connaître l’histoire de Coline m’a bouleversée et m’a ouvert les yeux sur cette maladie pourtant encore inconnue par de nombreuses femmes.

Ce que j’ai surtout ressenti, c’est de l’admiration. De l’admiration envers cette amie, cette femme à la joie de vivre infinie, qui rayonne et qui, pourtant, au fond d’elle, souffre tellement.

La voir bosser encore et encore sur ce site me rend si fière de la connaître. Lui écrire un article était donc la moindre des choses pour contribuer à ce fabuleux projet qui pourra toucher, j’en suis sûre, toutes les femmes, dès le plus jeune âge.

La pilule, une solution généralisée, ancrée dans les moeurs

Souhaitant faire écho au sujet de l’endométriose, j’ai choisi d’aborder la pilule. Et pour cause, je pense qu’autour de moi, près de 90% des femmes que je côtoie prennent une pilule.

Règles douloureuses, crampes insupportables, premières relations, cycle irrégulier,… Contre tous ces maux, la pilule contraceptive par voie orale est la solution qui est généralement privilégiée.

Solution de facilité ou traitement prescrit avec soin, si la pilule permet de réguler le cycle de la femme, elle montre aussi ses effets pervers dans de nombreux cas.

La pilule peut, en effet, cacher certains problèmes plus profonds, comme l’endométriose, agissant comme une bombe à retardement.

Quand il s’agit de contraception, on ne va pas se mentir, c’est la femme qui est au centre de la discussion. La pilule est fiable et nous est souvent imposée.

J’ai moi-même commencé à prendre la pilule à l’âge de 16 ans, d’abord pour des raisons cutanées. Une pilule qui m’a aidée, mais m’a aussi fait perdre pied.

La pilule : un choix de contraception

Le sans tabou est tabou

Grandir, changer. Prendre conscience, réfléchir, se projeter.

Plus nous grandissons, plus ces verbes prennent un sens et plus les conversations évoluent, abordent des sujets de plus en plus concrets. Les règles, les mecs, le futur professionnel, le mariage, les voyages, les enfants…

Dans un monde qui tourne à vitesse grand V, où le digital nous fait partager de plus en plus de choses et nous éduque aussi, tant de questions semblent pourtant rester en suspens.

Tout est fait d’incertitudes en fait.

D’une part, tu as les médias sociaux et les consciences qui s’éveillent sur de nombreux sujets, un éveil qui te fait sentir dans un monde où la liberté d’expression est reine.

Pourtant, quand tu regardes autour de toi, tu sais que certaines paroles ne sont pas à aborder ou sont abordées en surface seulement.

Le sans tabou est finalement tabou.

La pilule, encore un tabou

Féminité, rapport au corps, contraception

Parmi ces sujets proscrits : la féminité, le rapport au corps, les imperfections, la contraception.

Le corps de la femme est mis en avant partout. On a l’impression de le connaître, et pourtant. Même ton propre corps ne se connait pas vraiment.

Ado rebelle, jeune fille plutôt calme ou super optimiste, tu grandis.

Ton corps se développe, tes règles arrivent, peut-être tomberas-tu amoureuse… Ado naïve et peu informée tu veux te sentir mieux dans ton corps.

Un rendez-vous chez ton médecin traitant et la solution semble toute trouvée : la pilule.
Un concentré d’hormones qui bloque tes ovaires et rend ta peau plus belle, tes règles moins douloureuses (en principe) et qui te permet d’envisager une relation sans stress.

Une belle façade qui peut prendre des allures plus complexes et bouleverser ton quotidien.

pilule, un traitement contre l'endométriose

5 ans de pilule trop dosée : la ménopause chimique

5 années passées. Tes règles sont à nouveau douloureuses, tu perds trop de poids, tu en prends trop, en continu. Tu es mélancolique, tu prends les choses à coeur, tu es fatiguée, stressée, les efforts physiques sont compliqués. Monter les escaliers, je te raconte pas le malaise.

Il y a quelque chose en toi qui a changé. Tu as grandi, mais quelque chose semble bloqué. Tu ne sais pas quoi, serait-ce simplement toi ? Ton humeur normale ? Faudra-t-il s’y faire ?

Finalement, tu prends rendez-vous chez un gynécologue, tout semble ok. Tu te fais des idées.

Tu ne sais pas pourquoi, mais ton instinct n’est pas tranquille.

Un changement de gynécologue plus tard et là, le terme “ménopause chimique”. La prise d’une pilule trop dosée pendant 6 ans, une pilule prescrite à la jeune fille que tu étais sans rechercher si celle-ci pouvait te correspondre réellement, sans qu’on te prévienne à quel point celle-ci pouvait être nocive pour ta santé.

Une pilule que tu prenais tous les jours, consciencieusement, et qui pourtant te mutilait de l’intérieur de jour en jour, augmentant le risque de thromboses et autres AVC.

Une pilule prescrite par un médecin en 2 minutes et qui a pourtant impactée ta vie pendant si longtemps.

les effets de la pilule : la ménopause chimique

S’informer, pour une nouvelle vie

Chaque fille est différente, chaque femme l’est aussi. Les besoins ne sont pas les mêmes, les réactions non plus.

Alors à toi la jeune fille qui lit ceci, la femme accomplie à la recherche de réponses peut-être sur ton corps et ton humeur, n’hésite pas à écouter tes intuitions et ce que ton corps a à te dire.

Pilule de première, deuxième, troisième ou encore quatrième génération, les possibilités sont multiples, il est donc essentiel de se renseigner afin de trouver celle qui matche avec ton corps.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise option : prends la pilule si tu le veux, ne la prends pas si ça te va, utilise des tampons si t’es à l’aise, des serviettes lavables si tu veux participer au changement du monde à ta manière.

N’attends pas qu’on décide pour toi. Tu es libre, libre de parler de tes maux, de ce que tu ressens au fond de toi et de ce qui te plait aussi.

Mais retiens-bien que “avoir mal pendant ses règles” à se rouler par terre et à se sentir entièrement démolie, ce n’est pas “normal”. Non, ce n’est pas normal de souffrir à chaque période du mois.

Et, surtout, si on te prescrit une pilule qui te rends morose, ne te force pas.

Parce que, crois-moi, ta pilule peut changer ta vie.

Astrid Dourte

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