L’endométriose peut mener à des problèmes d’infertilité. Dans certains cas, un parcours de procréation médicalement assistée pourra être envisagé. Un parcours lourd qui peut engendrer des risques pour la santé de la femme. L’hyperstimulation ovarienne représente l’un de ses risques. 

Catherine revient sur son endométriose et sa bataille pour fonder une famille. Un combat qui l’a mené à un parcours PMA qui ne s’est pas déroulé comme prévu. Un témoignage sur l’hyperstimulation ovarienne. Un risque devenu réalité.

C’est normal d’avoir mal

Comme toutes les jeunes filles, moi aussi, j’ai eu mes premières règles. Une période jamais agréable à vivre. Et pendant des années, sans réellement m’en rendre compte, j’avais déjà des pertes fortement abondantes. Mais je grandissais dans une époque où c’était normal d’avoir mal.

Tu es une femme, alors tais-toi, c’est normal d’avoir mal, c’est normal d’avoir des règles abondantes.

Si je trouvais que mes règles étaient fortes et compliquées, cela ne m’empêchait pas de vivre, alors je n’en parlais pas.

Vers 16 ans, j’ai été mise sous pilule. Cette prise de contraception allait de pair avec la première consultation gynécologique. A cette époque, il n’y avait pas de démarches mises en place par le gynécologue pour savoir comment se déroulaient les menstruations et le début de la vie de femme. On repartait avec une prescription. Voilà.

Douleurs endométriose règles témoignage

L’envie de fonder une famille

A 26 ans, je décide d’arrêter ma contraception en vue d’une grossesse.
Une première année se passe et je ne tombe pas enceinte.

Avec mon compagnon, nous n’étions pas pressés mais au bout d’un an et demi, les interrogations commencent à s’installer.

J’en discute avec ma gynécologue et nous déclenchons alors un cheminement pour trouver une solution, pour connaitre l’origine de ces complications. En attendant, je suis mise sous traitements, mais rien ne vient. Mon mari passe aussi des examens. Tous les résultats reviennent positifs.

En poursuivant les investigations, le mot endométriose est posé sur la table. Alors, ma gynécologue décide de m’envoyer chez un spécialiste.

Après des examens, le spécialiste me dit qu’il y a de l’endométriose mais il ne peut pas dire à quel degré. Il m’explique qu’il faut intervenir mais que cela peut être une lourde opération. J’accepte. J’ai alors subi une laparoscopie en 2004. Au retour de l’opération, les médecins m’ont annoncé que j’avais une endométriose pelvienne sévère. Mais qu’ils ont pu tout enlever. J’ai été mise sous ménopause chimique durant 2-3 mois après l’opération.

Dans leur démarche, les médecins nous proposent d’entamer un parcours PMA. En effet, le timing nous pressait un peu. J’avais maintenant 30 ans et on était également pressé d’avancer dans notre projet de fonder une famille. 
Le spécialiste m’a dit : « tomber enceinte, vous y arriverez. Mais quand je ne peux pas vous le dire. Et le temps passe. »

Pour éviter une récidive rapide de l’endométriose, nous nous sommes lancés dans la PMA les yeux fermés.

Quand on est jeunes et prêts à tout, on y va !

PMA et endométriose:  témoignage

Un parcours PMA pas comme les autres

La PMA, c’est une épreuve. Je me souviens encore des trajets tous les matins pour aller à la clinique faire les prises de sang pour définir le bon moment de l’ovulation, tous les traitements médicamenteux, …

Nous avons suivi scrupuleusement le protocole. Mais dans ce dernier, il y avait un risque. Un risque d’hyperstimulation.

Un faible pourcentage mais les médecins sont obligés de vous en parler. Cela peut entrainer des complications et une hospitalisation.
Nous étions prêts à relever le défi, on faisait confiance et on se disait que ça ne pouvait pas nous arriver.
La réalité fut tout autre.

Une hyperstimulation ovarienne

Le jour du déclenchement de l’ovulation était arrivé. Le médicament administré, je devais rentrer et attendre. Sauf qu’à peine arrivée chez moi, j’ai commencé à avoir des douleurs abdominales, j’avais envie de vomir, j’avais la tête qui tournait. J’ai appelé le service et ils m’ont tout suite dit de revenir.
Après une échographie, les médecins ont constaté une explosion d’ovule dans mon ventre.

Là où normalement, le corps expulse un ovule par moi, dans mon cas, j’en avais des dizaines.
Ils m’annoncent que je subis une hyperstimulation ovarienne, que j’ai « trop bien » réagi au produit. Je dois donc rester à l’hôpital pour être suivie.

La douleur était si intense. Je me souviens m’être levée de mon lit et être tombée. Ils m’ont dit que je devais rester allongée et m’ont mise sous sonde urinaire. Et là c’est le blackout pendant 2 semaines.

J’avais le ventre d’une femme enceinte, j’étais gonflée d’eau. Et la situation s’est aggravée.
Au point où le spécialiste a du venir deux fois me faire des ponctions. Elles représentaient la seule solution pour me soulager. Lors de la première je revois, un seau d’eau rempli de liquide qui était sorti de mon corps.

Erreur humaine de dosage ou pharmaceutique, je n’aurai jamais le fin mot de cette histoire.

Je m’en suis sortie. Et c’est le principal.

hyperstimulation hormonale : témoignage

Tout a fini par se résorber. Ils ont prélevé tous les ovocytes. Mais seul 5 ont été fécondés. Une nouvelle qui m’a permis de tenir.
Le transfert s’est bien passé mais ça n’a pas pris. Nous avons réessayé. Ce fut encore un échec.

Après cette période compliquée, nous avons fait le point avec les médecins qui me propose de réengager une PMA ou de faire une pause.
A ce moment, le spécialiste a employé à nouveau ces mots : « Mme, je suis persuadé que vous allez tomber enceinte naturellement mais on ne sait pas quand. Ce sera peut-être dans 6 mois, dans un an,… Mais vous y arriverez ».

Au moment où le Dr prononce ces paroles, j’ai alors 32 ans. Je suis très fatiguée et déçue. Le parcours avait été compliqué. Ce fut une épreuve pour mon corps, ma santé mais également mon couple.
Je me suis dit : Allez ! Aujourd’hui, nous pouvons encore tomber enceinte jusqu’à 40 ans. Alors, nous avons dit STOP.

D’une surprise à un bébé surprise

Un peu après, je me suis engagée dans l’organisation d’une surprise pour mon mari, pour faire la fête et nous changer les idées. Et Là en janvier, pas de règles. Je le sentais. J’étais enceinte.

J’ai fait mon test et il était positif !

Le spécialiste avait raison. Il ne voyait plus d’obstacle à une grossesse naturelle. Le fait d’avoir décroché, vidé mon esprit, tout est venu naturellement.
Une belle grossesse et un petit garçon né en 2006.

Deux ans après j’ai eu ma seconde fille. Elle est venue naturellement aussi et au moment où je l’avais décidé. Cette fois-ci j’ai pu avoir le contrôle.

hyperstimulation PMA et grossesse

Faire évoluer le discours sur la fertilité et les règles

Mon parcours se termine bien mais j’ai vraiment vécu 4 ans de galère.

Une période difficile. On se pose une multitude de questions sur le pourquoi je n’arrive pas à tomber enceinte.
Ce n’est pas toujours facile d’en parler. Les sujets liés à la fertilité et la PMA ne sont pas évidents à gérer au quotidien. Les questions de l’entourage, les pressions mises sur le couple,… il faut pouvoir digérer tout cela.
Et l’endométriose, c’est également une maladie dont on ne parlait pas. Je ne l’évoquais que très peu. C’est bien plus tard en parlant avec des amies que je prévenais qu’il existait une maladie quand je reconnaissais des symptômes.

Aujourd’hui, avec le recul et mon expérience, je suis plus alerte.
Ma fille vient d’avoir ses règles et je lui ai directement dit : « Si tes règles sont trop abondantes, si tu juges que cela n’est pas gérable et qu’il y a des douleurs, tu me le dis tout de suite. »
C’est quelque chose dans ma génération (46 ans) dont on ne parlait pas du tout et aujourd’hui, il faut changer cela.

C’était banal d’avoir des règles abondantes. On avait ce qu’il fallait avec les tampons et les serviettes mais il fallait se débrouiller et surtout ne pas en parler.
A cette époque, j’ai accepté cela. J’ai accepté de vivre comme ça. Lorsque j’ai décidé d’avoir un enfant et que tout ne s’est pas passé comme prévu, j’ai cherché et trouvé un problème qui était présent depuis le début.

Dans cette histoire, on revient sur ce qui est acceptable ou non pour son corps, pour soi. Et clairement, aujourd’hui, mes douleurs et ce que je vivais pendant mes règles n’étaient pas acceptable. C’est important de partager cela avec les jeunes filles, de ne pas commettre les mêmes erreurs, de ne pas banaliser le fait d’avoir ses règles, de taire le sujet et surtout de cacher les douleurs.

C.Desonay

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